Les chats FIV+ Des chats presque comme les autres ?

, par  Pascale , popularité : 6%

La stigmatisation entourant le FIV (virus de l’immunodéficience féline) provient généralement d’un manque de connaissances.
Notre propos ici est de démontrer qu’un test positif au FIV ne doit pas conduire à une condamnation à mort.

Qu’appelle-t-on le FIV chez le chat ?

Si le FIV a été découvert -isolé, nommé puis étudié- en 1986, des études réalisées à partir de sérums congelés antérieurement aux années 80, ont démontré l’existence de ce virus dès le milieu des années 1960 aux États-Unis et dès 1974 en France.

Tout d’abord, distinguons le FIV (virus de l’immuno-déficience féline) du HIV (virus de l’immunodéficience humaine) : tout deux appartiennent à la même famille, celle des rétrovirus, capables d’induire une immunodépression. Si leur mode de fonctionnement comporte de nombreuses similitudes, il existe cependant des différences essentielles dans la manière dont les virus se propagent et dans le nombre de variantes. Et il est essentiel de rappeler qu’aucun cas de transmission d’une espèce à l’autre n’a jamais été relevé. Un chat contaminé par le FIV ne présente aucun risque pour les humains et inversement. Le FIV et le HIV sont deux virus spécifiques à une espèce.
De fait, l’appellation de « sida des chats » est abusive et doit être évitée car elle peut engendrer la crainte d’une contamination entre les deux espèces.

Ensuite, il s’agit de différencier le FIV+ du FeLV+ (virus de la leucose féline). Si ces deux maladies sont des rétrovirus affectant le système immunitaire, seul le FeLV se transmet via la cohabitation et le contact informel entre chats. Le FIV, lui, se propage beaucoup plus difficilement. En effet, sa transmission se fait principalement par le sang via des morsures profondes et pénétrantes ou des rapports sexuels.

C’est pourquoi cette maladie touche essentiellement les mâles non castrés qui se bagarrent violemment lors des périodes d’accouplement.

Mais la transmission de la mère aux chatons peut se produire, en particulier si elle est touchée par une infection aiguë. Cependant cette transmission est assez rare.

Soulignons donc que, d’une part, le FIV n’est pas contagieux pour l’homme ni pour le chien, et d’autre part, qu’entre chats, la transmission ne se fait ni par les gamelles (le virus ne survit pas hors de l’organisme), ni par le partage de la nourriture ou le jeu.

Quand faut-il tester son chat ?

Il est généralement recommandé de faire un test à partir de l’âge de 6 mois. Cependant, si un test a été fait (dans le cadre d’un chaton venant d’une association par exemple) et que le résultat est positif, il faudra le retester.

En effet, il faut savoir que la grande majorité des chatons de moins de 6 mois dont le test est positif n’ont pas été exposés au virus. En fait, le test détecte les anticorps transmis de la mère au chaton. Ces anticorps peuvent persister jusqu’à ce que le chaton atteigne l’âge de 6 mois, moment où il doit être retesté.
Si le résultat reste positif, la possibilité d’une véritable infection au virus est probable. En revanche, si le chaton est testé négatif, il n’y a rien à craindre : le chaton n’a pas été contaminé par le Fiv [1].

Comment lutter contre la transmission du virus ?

La lutte contre le FIV passe par la stérilisation afin d’éviter la transmission du virus par les bagarres (et donc les morsures) entre mâles ainsi que la transmission par voie sexuelle.

Il n’existe pas de vaccin en Europe. Si un vaccin est actuellement commercialisé en Amérique du Nord et en Australie, son efficacité est encore controversée, ce qui a amené les instances européennes à ne pas autoriser sa commercialisation.

Comment le FIV peut-il toucher mon chat ?

Le FIV provoque des maladies parce qu’il réduit la capacité du système immunitaire du chat à répondre à d’autres infections. Les infections dont le chat serait normalement capable de se remettre deviennent prolongées ou chroniques.

L’évolution du FIV se divise en 3, 4 ou 5 stades. Retenons celle en 3 phases :

  1. Infection initiale/Phase aiguë : le chat a été contaminé par le virus. Il peut alors présenter une fièvre passagère, une perte de poids, un manque d’appétit et des ganglions lymphatiques hypertrophiés. Cette phase dure deux mois environ et passe souvent inaperçue.
  2. Phase asymptomatique : après l’infection initiale, le chat peut ne présenter aucun symptôme de maladie liée au FIV pendant de nombreuses années. Le virus «  sommeille  » dans son organisme. Il peut ainsi vivre une durée de vie féline normale. Cependant, le système immunitaire du chat peut s’affaiblir au fil des années, ce qui conduit à la troisième étape.
  3. Phase clinique  : le virus se «  réveille  ». Il se multiplie et détruit des globules blancs. Le système immunitaire est ainsi touché menant à une immunodéficience. Le chat est alors touché par des affections inflammatoires chroniques (comme la stomatite), les infections opportunistes secondaires (fièvre, anémie, maladie dentaire, plaies qui ne guérissent pas), certaines formes de cancer, etc. Ces infections secondaires doivent être traitées dès leur apparition. Cette phase dure 1 à 2 ans et aboutit inexorablement à la mort du chat par épuisement immunitaire .
    La phase clinique n’est présente que chez une minorité de chats positifs, la plupart des chats infectés par le FIV conservant une espérance de vie normale [2].

Des chats comme les autres ?

Au quotidien, les chats FIV+ sont des chats comme les autres. Sachez simplement que lorsque le chat est juste porteur, il est essentiel de le maintenir en bonne santé :

  • en maintenant ses vaccinations à jour,
  • en faisant des contrôles de santé vétérinaires deux fois par an,
  • en le traitant contre les parasites internes et externes,
  • en lui apporter une alimentation de qualité pour renforcer son organisme,
  • ...et bien entendu, en l’entourant de tout votre amour

Bref, les recommandations que nous donnons à tous les propriétaires de chat !
Deux différences cependant :

  • il faudra amener votre chat positif chez le vétérinaire en cas de soucis de santé, même minimes, afin de l’aider sur le plan immunitaire. En effet, il faut savoir que la plupart des maladies chez les chats séropositifs sont le résultat d’infections secondaires, infections qui peuvent profiter d’un terrain immunodéprimé pour se développer. Il est donc très important que les chats soient rapidement diagnostiqués et traités dès l’apparition de tout signe de maladie.
  • Par ailleurs, sur le plan alimentaire, si vous souhaitez lui donner une alimentation crue (viande et œuf) type BARF [3], il est important de redoubler de vigilance. Ainsi, la viande ou le poisson doivent être de qualité sanitaire irréprochable car si votre chat a un système immunitaire défaillant, les bactéries qu’ils contiennent peuvent l’affaiblir davantage. Optez pour des viandes ou des poissons consommables par l’homme, et qui auraient été congelés au moins 1 mois. [4]

Soulignons enfin que plusieurs études ont démontré que le virus n’a pas d’influence significative sur l’espérance de vie des chats porteurs du virus par rapport à celle des chats sains. [1]

Pas totalement convaincu ?

Juste une dernière question à vous poser si vous hésitez encore à adopter un chat FIV+ et que vous avez déjà des chats à la maison :

Les avez-vous tous faits tester ?

Si la réponse est négative, vos hésitations ne sont pas fondées car qui vous dit que vos chats non testés ne sont pas en fait porteurs du virus ?

Les FIV+ ne sont pas malades et n’ont pas le SIDA, ils sont juste porteurs d’un virus qui peut muter en SIDA ; un sida qui ne se déclarera peut-être jamais ! Cependant, si le FIV se déclare, il faut savoir que votre chat va rapidement décliner et il n’y a aucun remède contre le sida déclaré. Il faudra l’accompagner avec tout votre amour.

Beaucoup d’associations, comme SARAA, les mettent à l’adoption en sauvetage car oui, ce sont des chats discriminés malheureusement.

Témoignage

MELCHIOR, 14 ans, FIV+

Melchior, 14 ans, Fiv+ et bien dans ses pattounes !

Melchior a été adopté à l’âge de 3 ans. Il venait d’une association et je connaissais sa positivité. Bien entendu, il avait été castré.
J’ai choisi son exemple car son histoire démontre qu’un chat séropositif peut parfaitement cohabiter avec des chats sains et vivre de très nombreuses années sans déclarer la maladie.

Ainsi, Melchior a toujours vécu avec des chats. Il a joué avec eux, il a dormi avec eux… Mais les chats restant des chats, surtout que mon Melchior a son petit caractère, il y a eu aussi des disputes ! Reste que lorsque que deux mâles castrés se disputent, cela se résume à des coups de pattes, des crachats, bien loin des bagarres entre chats entiers qui débouchent sur des morsures pénétrantes allant jusqu’au sang. Melchior a été également le « compagnon » d’une minette pendant de nombreuses années. Ils dormaient ensemble avec des léchouilles à la clé. La minette est décédée à l’âge de 20 ans, elle n’était pas porteuse du FIV.

Melchior témoigne également que le système immunitaire d’un chat positif peut être performant. En effet, il n’a jamais déclaré de coryza ni de calicivirus alors qu’il a été confronté à la maladie de nombreuses fois.

Aujourd’hui, il a 14 ans. C’est un chat âgé qui ne présente aucune maladie chronique et Melchior n’est pas une exception.
Retenons donc de son parcours, qu’un chat FIV+ n’est pas ce petit être vulnérable que la description de la maladie peut évoquer.

Sources

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