Les chats ataxiques Comment les aider à surmonter leur handicap ?

, par  Pascale , popularité : 19%

L’ataxie ou les ataxies. De quoi parle-t-on ?

L’ataxie est un trouble de la coordination des mouvements volontaires. Les symptômes dépendent à la fois de la cause et du type d’ataxie (voir tableau en annexe). De façon générale, elle peut se manifester par une démarche incertaine/chancelante, une faiblesse, des pertes d’équilibre pouvant aller jusqu’à la chute.
À moins qu’un chat ataxique ait d’autres problématiques de santé, son espérance de vie est la même que celle d’un chat.

Les différents types d’ataxie
  Ataxie vestibulaire Ataxie médullaire Ataxie cérébelleuse
Définition Dysfonctionnement du système vestibulaire Lésion de la moelle épinière Atteinte du cervelet
Manifestation Cette ataxie est souvent accentuée d’un côté, l’animal marchant « en crabe » pour se stabiliser.
Inclinaison de la tête, mouvements oculaires anormaux (mouvement rythmique involontaire des globes oculaires).
Faiblesse des pattes. Démarche bancale. Déséquilibre que le chat soit en mouvement ou immobile.
Mouvements non coordonnés.
Tremblements.
Démarche exagérée (grands pas), tremblements.
Causes Elles sont nombreuses : AVC, infection, accident, intoxication, tumeur...
Remèdes La plupart des cas d’ataxie ne peuvent pas être guéris.

L’ataxie n’est pas une maladie...

C’est un handicap. Et malheureusement, devant les troubles moteurs d’un ataxique, certains vétérinaires proposent l’euthanasie, celle-ci leur permettant de masquer leur méconnaissance de ces troubles complexes.
Pour rappel, l’euthanasie est nécessaire lorsque l’animal est gravement blessé/malade, souffre, et qu’on ne peut plus rien y faire. Il s’agit alors d’éviter à l’animal de souffrir en attendant une mort inévitable.
Nous sommes loin de cet état avec nos ataxiques, même ceux qui sont jugés "sévères".

Comme tout animal, votre chat doit être IDENTIFIE. Sur le site I-CAD, indiquez qu’il est ataxique dans la rubrique « signe particulier ». En effet, au cas où il échapperait à votre surveillance et que vous le perdiez, il est essentiel que le véto qui l’identifie ait en tête le handicape de votre protégé. [1]

Aider son chat

Nous pouvons éprouver une vive émotion lorsqu’on voit son chat se déplacer maladroitement, avec des mouvements désordonnés, se cogner, chuter…
Mais attention, il ne s’agit pas d’être dans la surprotection : le chat ataxique a besoin d’une certaine autonomie, c’est son instinct de félin. C’est à vous de lui aménager son espace sécurisé et confortable, à lui de s’y adapter à son rythme et avec ses maladresses.
Laissez-lui une part de son animalité s’exprimer. Un chat ne vivra jamais son handicap comme un humain. Un chat ataxique n’a pas conscience d’être différent des autres chats. Pour les chats dont l’ataxie est survenue tardivement, n’oubliez pas qu’un animal ne vit que l’instant présent.

De façon générale, un environnement stimulant avec de la présence est un impératif pour un chat ataxique. Voici quelques conseils.

Déplacements et mobilité

  • Un sol glissant constitue un obstacle important pour un ataxique dans une maison. Privilégiez les tapis et moquettes. De même, pour éviter les chutes, faites-lui un espace sans trop de meuble, de fils électrique et d’objets pouvant tomber.
  • Les sorties dans un jardin très sécurisé (avec clôture, sans possibilité d’accès pour un autre animal extérieur à la maison) et sous surveillance permanente sont possibles. Ces sorties ultra-sécurisées seront un bon stimulant pour votre chat avec de nouvelles sensations : contact avec l’herbe, la terre, le vent, odeurs végétales, etc.
  • Si vous devez amener votre chat en vacances pensez à un parc bébé pliable ou un parc pour chiot dans lequel vous recréerez son petit espace/refuge rien qu’à lui.
  • Pour les chatons ou les ataxiques adultes version petit format, pensez au système de portage en cas d’handicap sévère :
    Notre petit Tagada est ici le plus heureux des chatons !
  • Enfin, veillez lorsque vous le portez à bien le reposer sur le sol sur ses 4 pattes (et non sur 2 comme on peut avoir l’habitude de faire avec un animal « normal ») de façon à ce qu’il ne perde pas l’équilibre. Bref, de nouvelles habitudes/réflexes à adopter !

Espace confort

  • Vous pouvez lui aménager son couchage à partir d’un canapé pour chien posé à même le sol.
Notre petit ataxique sévère, Tagada, adore son petit univers douillet aménagé pour lui.
  • Pensez, en hiver, pour des ataxiques sévères qui bougent peu, au tapis chauffant qui génère une chaleur pouvant atteindre 40°C. Lorsque le chat se couche dessus, il se produit par contact une réaction calorique qui va le réchauffer et le détendre.

L’alimentation et l’espace repas.

  • Un impératif : lui donner une alimentation saine et rationner : il faut lui éviter le surpoids. Par ailleurs, surtout lorsque la prise de boisson est difficile, lui donner non pas une alimentation à base de croquettes mais de nourriture humide.
  • Pour la prise alimentaire, certains auront besoin de vous pour les aider à manger. D’autres se débrouilleront seuls avec, selon leurs particularités, des assiettes plates (antidérapantes et lourdes pour éviter de les renverser) ou des bols surélevés, dits « ergonomiques »

    Pour les bipèdes bricoleurs, on peut créer pour des ataxiques sévères des espaces repas personnalisés :

    Espace repas pour chat ayant des pertes d’équilibre. En vente sur Etsy.

Certains ataxiques se débrouillent parfaitement en mangeant couchés :

Gaspard a trouvé, avec l’aide de son humaine, une solution à ses déséquilibres... La « meilleure place » assurément !

De façon générale, prévoyez un grand set de table pour limiter les dégâts sur le sol !

La propreté et l’espace litière

  • Des adaptations sont nécessaires pour la litière. Certains ataxiques peuvent avoir besoin d’une entrée basse pour aller à la litière, d’autres d’un bac avec des côtés hauts pour pouvoir y prendre appui.
  • Testez les bacs à litière fermés et ouverts. Testez également différents types de litière… Bref, votre chat est unique, il faut tester, tester et retester. Le maître mot : patience !
    Vous pouvez fabriquer vous-même un bac correspondant aux besoins particuliers de votre protégé :
    Ici le chat a le choix entre un grand bac à litière fabriqué à partir d’une box de rangement découpée très bas pour faciliter l’entrée et à côté un tapis éducateur pour chiot.
  • En cas d’ataxie sévère, prévoyez des alèses lavables (plus écologique et économique) ou habituez-le à le porter à sa litière à des heures précises. En effet, la plupart des chats ont des rythmes réguliers et font leurs besoins 30 mn à 1 heure après avoir mangé. Si c’est le cas pour le votre, vous pouvez facilement établir un planning journalier en fonction de ses prises alimentaires : 3 ou 4 repas par jours et dans l’heure qui suit, vous le porter à sa litière. Il est important que même avec un handicap important, votre protégé apprenne la propreté à son rythme.

Les jeux

On peut l’aider à trouver une meilleure motricité grâce au jeu, notamment pour le chaton mais pas seulement ! Il est ainsi conseillé de le stimuler par des jeux qui l’obligent à se déplacer afin de mieux contrôler son handicap et apprendre à apprivoiser ses pertes d’équilibre et sa démarche bancale.

  • Pour les petits intrépides et les plus grands qui aiment s’agripper, foncez sur les arbres à chat de petites tailles et stables. Si vous vous apercevez que votre chat tombe parfois en descendant, pensez à installer au pied de votre arbre un tapis épais qui viendra amortir les petites chutes.
    Escalier-jeu conçu pour ataxiques (cat-on.com).
  • Pour les ataxiques sévères, souvent couchés, les jeux en suspension sont de vrais stimulants. Pensez à en suspendre au dessus de leur couche. Plumes, ficelles, souris à la valériane... Autant de petits objets qui le divertiront.
    Tagada, ataxique sévère, s’agrippe à son cordage et s’amuse comme un petit fou... Il se sent comme le roi du monde !

Les soins

  • Les séances d’ostéopathie sont recommandées pour soulager votre protégé.
  • Si votre chat a des difficultés pour se nettoyer, brossez le très régulièrement, matin et soir, pour bien éliminer ses poils morts.
  • On ne coupe jamais les griffes des ataxiques, elles sont vitales pour eux pour s’accrocher, s’agripper, et ce, même si leurs mouvements exagérés entraînent parfois des griffures.
Pour finir, les ataxiques, dans un environnement adapté, entourés d’amour, progressent. Leur évolution constitue une vraie leçon de vie. Leur détermination et leur volonté forcent l’admiration. Ce sont des petits êtres admirables, sachez-le !

Adopter un chat est un engagement, mais adopter un chat ataxique est bien plus que cela ! Vous devrez être davantage présent, davantage patient et à l’écoute de ses besoins particuliers. C’est un engagement qui doit être mûrement réfléchi. Avec lui vous connaîtrez les plus grandes joies mais également, parfois, de profonds découragements et des doutes. Adoptez un handicapé est une grande aventure et une grande responsabilité.

Témoignages

JOHANNA

JOHANNA, adoptante de Spider, 2 ans et de Treets, 5 mois, deux ataxiques sévères.

Spider est un chat très câlin, tendre, qui adore être dans les bras de Johanna et qui a noué avec elle des liens fusionnels. Il a des difficultés pour se déplacer. Il urine couché dans la litière et pour les selles, il se cale contre la paroi du bac. Parfois il y a de petits accidents mais Spider est propre dans l’ensemble. Il mange coucher. Bref, c’est un débrouillard plein de vie qui s’est parfaitement adapté à son handicap.
Pour Treets, le problème actuellement vient de la propreté. Il fait ses besoins sur le sol et le lit… Il ne va pas à la litière. Il grimpe partout, saute... Bref, c’est un petit minet plein de vie et qui demande donc beaucoup d’attention.
Ces deux ataxiques vivent en très bonne harmonie avec cinq autres chats dits « normaux ».

Si on demande à Johanna les conseils qu’elle donnerait à de futurs adoptants, sa réponse fuse :

Attention, c’est un très grand engagement sur le long terme. Les ataxiques nécessitent une grande attention. Chaque cas est unique, il faut partir sur l’idée que le chat qu’on adopte ne progressera peut-être jamais. Donc, il faut bien réfléchir à son engagement.

Pour Johanna, la plus grande difficulté vient de la propreté. Une difficulté qu’il faut prévoir lorsqu’on adopter un ataxique et qui nécessite beaucoup de patience et de bienveillance.

CAROLINE

Caroline est la présidente de l’association « La Grange aux lapins » qui se consacre aux sauvetages d’animaux handicapés.
Parmi ses pensionnaires, elle a actuellement 8 chats ataxiques ; Le plus vieux, Marvin, a 7 ans et le plus jeune, Lutti, 8 mois. Tous sortis de fourrière ou de la rue.
Ils sont touchés par le handicap à des degrés divers.
Ils mangent sans difficulté. Certains couchés, comme le petit dernier, Lutti.

Lutti mange couché (le flou vient du fait que sa tête bouge sans cesse)
Lutti mange couché (le flou vient du fait que sa tête bouge sans cesse)

Ils ont chaque jour de la nourriture humide à heure fixe et des croquettes à volonté. D’ailleurs, Equinoxe, 3 ans, a une façon bien à lui de les utiliser...

Cinq d’entre eux vont sans souci à la litière, mais pour les deux autres, les pipis et cacas se font devant la litière.
Ils vivent dans un grand espace sans trop de meubles. Pour Caroline, il est important que les ataxiques puissent bénéficier de grands espaces pour circuler, se dépenser. Ce que sa petite colonie de bancals fait au mieux ! A ce sujet, Caroline me fait remarquer que les ataxiques se fatiguent vite par rapport à des chats dits « normaux » et que leur quart d’heure de folie s’accompagne d’un gros dodo.

La petite troupe a de surcroît la possibilité de sortir dans un jardin sécurisé. Ces sorties se font sous la surveillance de Caroline. Lorsque cette dernière est absente, ils sont à l’intérieur de la maison.

Marvin profite du soleil sous le regard de Caroline

Ainsi, ils vivent leur vie de chat, car un chat handicapé n’en demeure pas moins un petit félin en puissance ! Cependant, l’élément clé doit rester la sécurité. Donc, pas de sortie sans surveillance d’un bipède.

Avec les ataxiques, Caroline a ses petits « trucs » qu’elle conseille :

  • Lors du repas (nourriture humide), 3 fois par jours chez Caroline, pour être sûre que chaque chat, selon le degré de son handicap, puisse manger tranquillement toute sa gamelle et afin d’éviter que celui qui se débrouille le mieux, chipe la gamelle de celui qui est plus lent, Caroline les fait manger séparément.
  • Pour la litière, il y a toutes formes de bac à disposition. A eux de choisir. Caroline prend soin de retirer au fur et à mesure les crottes de façon à ce que si l’un d’entre eux tombent dans le bac, il ne se salisse pas.
  • Enfin, attention aux gros chiens qui, même s’ils sont adorables, peuvent blesser/déstabiliser un ataxique en voulant jouer avec lui.
    Patchwork, 1 an

    Pour finir, si on demande à Caroline ce qu’elle dirait à de futurs adoptants d’ataxique :

    Oubliez les week-ends et les vacances ! Les ataxiques demandent une surveillance permanente, en particulier si l’ataxie est liée à un parasite (risque de rechute rapide à la clé).

    Ou alors, à chaque absence, il faut confier le chat à une personne digne de confiance.
    Donc, si vous aimez profiter de la vie en vous déplaçant, en voyageant, adopter un ataxique ne serait pas raisonnable. Ni pour vous (la contrainte sera sur le long terme, un ataxique ayant une espérance de vie égale à celle d’un chat « normal »), ni pour le chat.

Sources

[1Avertissement affiché sur le groupe des « chats ataxiques » sur Facebook.

Soutenir par un don