Qu’appelle-t-on le FELV chez le chat ?
La leucose féline, également désignée sous l’appellation de FeLV (Feline Leukemia Virus) ou de virus de la leucémie féline, est une maladie virale grave et sans traitement.
Il ne faut pas la confondre avec le FIV (sida du chat). Comme le FIV, la leucose est une maladie virale qui affecte le système immunitaire des chats mais ces deux virus diffèrent en termes de transmission et de progression.
Le FeLV est un virus de contact très contagieux, contrairement au FIV. Il est excrété en grande quantité dans la salive, mais aussi dans les selles, l’urine et le lait maternel :
- De la mère à ses bébés via le placenta, l’allaitement ou le léchage.
- Entre des chats vivants sous un même toit ou entre chats errants d’une même colonie via le partage de nourriture et d’eau, le toilettage mutuel, les jeux communs, les combats et les litières partagées (urines, matières fécales).
Le FeLV peut également affecter certains félins sauvages, comme le lynx. Précisons que ce virus n’est pas transmissible à l’humain.
Quels sont les tests à utiliser ?
L’identification du statut infectieux d’un chat nécessite des tests répétés à court et moyen terme.
- Un test ELISA (ou d’immunodiffusion rapide) est généralement réalisé en 1re intention afin de dépister les chats infectés. Ce test est sensible : la détection de l’infection après l’exposition est rapide (1 mois environ après l’exposition virale). Lorsque les causes de faux positifs sont écartées (= erreurs techniques), un résultat positif chez un chat qui ne présente pas de signes cliniques indique une antigénémie, autrement dit, le chat est virémique, de façon transitoire ou permanente.
- Ces chats doivent être retestés par la méthode IFD.
- En cas de discordance entre les résultats ELISA et IFD :
Les tests ELISA positif et IFD négatif peuvent s’expliquer par une infection précoce ou par la régression d’une infection avec virémie transitoire.
Deux possibilités alors pour déterminer le statut réel du chat :
– réaliser une PCR qui, confirme l’un ou l’autre résultat,
– renouveler les tests ELISA et IFD deux à trois mois plus tard [1]
Les tests positifs doivent faire l’objet d’un test de suivi effectué 6 à 12 semaines plus tard pour déterminer si l’infection par le FeLV est progressive ou régressive [2]
Quelles sont les différentes formes de progression de la maladie ?
Selon l’âge du chat, son état de santé, la maladie peut devenir progressive, régressive, abortive ou plus rare, focale [3].
- L’infection est abortive, autrement dit, le système immunitaire du chat élimine le virus avant la mise en place de la virémie (après la contamination, le virus s’installe dans le sang : on parle alors de virémie). Grâce à la réponse efficace de son système immunitaire. On peut aussi supposer que ce type d’atteinte pourrait survenir chez les chats ayant été exposés à une faible quantité de virus [4]. Le virus pour cette forme d’infection n’est détectable par aucun test antigénique et le chat n’est pas contagieux .
- L’infection devient régressive (ou transitoire), lorsque le chat réussit à maîtriser la propagation de l’infection avant une augmentation du virus dans le sang et dans d’autres tissu (virémie secondaire). Le chat risque alors moins d’excréter le virus et de développer la maladie associée au FeLV.
Une fois la virémie (virus dans le sang) contrôlée, les tests antigéniques sont négatifs. En revanche, la PCR provirale peut être faiblement positive (l’ADN proviral sera détecté dans les leucocytes ou les monocytes et dans la moelle osseuse si celle-ci a été touchée). Le virus est alors latent, non contagieux mais peut se réactiver en cas d’immunosuppression. Il y a alors de nouveau réplication du virus et le chat sera à nouveau contagieux.
L’espérance de vie du chat ayant la forme régressive est semblable à celle des chats qui n’ont pas été touchés par le virus.
- L’infection devient progressive (ou persistante) chez le chat lorsqu’elle atteint la moelle osseuse et se poursuit en virémie secondaire. Tous les tests antigéniques et PCRs sont positifs. L’infection n’est pas contrôlée par le système immunitaire du chat et la virémie devient persistante : il est contagieux à vie. Le virus et ses complications connexes provoquent généralement le décès dans un délai de deux à cinq ans après l’infection initiale.
Maladies connexes pouvant se développer :
– Anémie sévère,
– Infections chroniques touchant les voies respiratoires (bronchite, pneumonie…), les gencives (stomatite, abcès, gingivite) ou de la peau (dermatite)
– Tumeurs et cancers comme les lymphomes qui sont un type de cancer courant chez les chats touchés par la forme progressive. Ainsi, ils sont 60 fois plus à risque de développer lymphomes et leucémies [5]
– Troubles neurologiques (plus rares) avec des problèmes de coordination, des convulsions ou des changements de comportement.
- L’infection focale (ou atypique), avec la réplication du virus confinée à des tissus spécifiques, tels que la moelle osseuse, les yeux ou les glandes mammaires. Les résultats des tests sur le sang peuvent alors être discordants. Les chats présentant cette infection peuvent donc être positifs ou négatifs aux tests. Cette dernière forme d’évolution de l’infection est rare [6].
Mode d’infection | Test | Réponse immunitaire | Probabilité de déclarer la maladie | Maladies associées au FeLV |
---|---|---|---|---|
Arbotive | Négatif | Le système immunitaire a le dessus | Peu probable | non |
Régressive | Négatif | Le système immunitaire maintient le virus sous contrôle mais cet équilibre peut être perturbé et le FeLV se réactiver (Rare. Probabilité décroissante avec l’augmentation du temps après l’exposition) | Peu probable | Peu fréquent (lymphome). Fréquent après réactivation du virus |
Progressive | Positif | Le virus a le dessus | Très probable | oui |
Focale | Variable | le système immunitaire du chat maintient la réplication virale séquentielle dans certains tissus | Peu probable | non |
Dans la pratique clinique quotidienne, les formes progressive et régressive sont prépondérantes.
Auparavant, on partait du principe qu’environ 20 à 30 % des infections étaient abortives, 30 à 40 % régressives et 30 à 40 % progressives. Cependant, des études récentes suggèrent que la part des formes abortives est probablement plus élevée [8]
Comment accompagner son chat positif ?
– La prise en charge des chats infectés doit s’organiser autour d’une alimentation de haute qualité riche en protéine ainsi que de la prise de compléments alimentaires soutenant/boostant le système immunitaire.
Afin de limiter les infections secondaires, il faut vermifuger et traiter contre les parasites externes et internes très régulièrement.
– La prise de médicaments comme des antibiotiques est indiquée afin de lutter contre les infections récurrentes ou comme des anti-inflammatoires pour soulager les douleurs.
Notez que la réponse des chats FeLV+ au traitement est plus lente que pour les chats négatifs. Le traitement doit donc se faire avec des doses plus importantes et sur une durée plus longue [9]
– Dans les cas d’infection progressive, les médicaments antiviraux montrent une efficacité limitée et peuvent même provoquer des effets secondaires plus ou moins graves. Les molécules utilisées sont la zidovudine, l’adéfovir, l’abacavir et la lamivudine. Leur utilisation se fait sur des chats dans un stade non terminal de la maladie [10]
Cependant, selon certains auteurs, l’utilisation de ces traitements antiviraux serait pertinente, d’autant plus s’ils sont couplés avec des immunomodulateurs [11]
– Toujours en cas de complications aigues (dans l’infection progressive), des traitements immunomodulateurs, comme l’Interféron, pourraient aider à ralentir la progression du virus. L’Interféron est, en effet, une protéine qui joue un rôle dans la réponse immunitaire. Cependant, son efficacité est encore débattue et elle est coûteuse. Certaines études suggèrent qu’il pourrait aider à améliorer l’état de santé du chat malade et prolonger sa survie en améliorant son système immunitaire, tandis que d’autres indiquent que les résultats sont limités voire nuls [12]
– En cas de lymphome ou d’une autre tumeur, la mise en place d’une chimiothérapie est envisageable.
Les lymphomes répondent en effet bien à la chimiothérapie et certains chats ne manifestent aucune
récidive dans les 2 ans. Cependant, la localisation et l’importance de l’extension tumorale influent sur le pronostic. Avant de se lancer dans une chimiothérapie, il faut donc prendre le temps d’en discuter avec son vétérinaire, voire de prendre un second avis afin d’éviter un acharnement thérapeutique qui irait à l’encontre du bien-être de votre chat et de la qualité de sa fin de vie.
Comment prévenir ?
Le vaccin
Le vaccin contre le FeLV est fortement recommandé, surtout pour les chats qui ont accès à l’extérieur ou qui vivent en collectivité. Cependant, il ne garantit pas une protection totale, mais réduit considérablement les risques de contamination.
Les recommandations de rappels pour les chats adultes varient. Selon l’European Advisory Board on Cat Diseases (ABCD) des rappels tous les deux à trois ans sont suffisants pour les chats âgés de plus de 4 ans. En effet, des études indiquent que les vaccins contre le virus offrent une protection à long terme, la plupart des chats vaccinés restant protégés même lorsqu’ils sont exposés jusqu’à trois ans après la vaccination [13]
A noter :
- La vaccination n’offre aucun bénéfice aux chats atteints d’une infection progressive par le FeLV.
- Il est peu probable que les chats infectés de manière régressive ou abortive aient besoin d’une vaccination car ils ont une immunité acquise.
- La vaccination des chats positifs contre les infections courantes doit être poursuivie, sous la forme de vaccins inactivés [14].
Si la vaccination confère une bonne protection individuelle contre le virus, l’ABCD ne recommande pas cette méthode comme seule protection des chats FeLV négatifs vivant dans le même foyer que des chats FeLV+. L’isolement du chat positif est donc nécessaire.
Isolement des chats infectés
Tous les chats doivent être testés pour le FeLV avant l’introduction dans un nouvel environnement.
Idéalement, les chats infectés et non infectés doivent être séparés afin d’éliminer le risque de transmission du virus : cet isolement est le seul moyen sûr de protéger les chats de la leucose.
L’hygiène
Si la maladie est très contagieuse, le virus est heureusement fragile et n’est plus infectieux au bout de quelques minutes dans l’environnement (jusqu’à 3 jours dans un environnement humide).
Sources
Généralités
– « La leucose chez le chat. Causes, symptômes et traitements », Vétérinaires 2 toute Urgence.
Consultable : https://veterinaires2touteurgence.com/leucose-chat/
– « Leucose féline (ou FeLV chez le chat) », Frégis.
Consultable : https://www.fregis.com/infos-sante/leucose-feline-felv-chez-chat/
– « Feline Leukemia Virus. Cornell University College of Veterinary Medicine », 2024. Consultable : https://www.vet.cornell.edu/departments/cornell-feline-health-center/health-information/feline-health-topics/feline-leukemia-virus
– Laura JAMET (2023), Maladies infectieuses du chat, Thèse de Doctorat, Université de Clermont-Ferrand
Disponible sur : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-04300095/document
– Article d’ABCD Europe, « GUIDELINE for Feline Leukaemia Virus Infection », 2009, dernière mise à jour 03/2023
Disponible sur : https://www.abcdcatsvets.org/guideline-for-feline-leukaemia-virus-infection/?pdf=5890
– Idexx, « Mises à jour relatives au diagnostic et à la prise en charge du virus de la leucémie féline (FeLV) », 2021
– Kelly A. ST DENIS, « Feline Leukemia Virus Disease », 2022, actualisé en 2025
Consultable sur : https://www.msdvetmanual.com/infectious-diseases/feline-leukemia-virus/feline-leukemia-virus-disease
– « Leucémie féline FeLV », CliniPharm/CliniTox
Disponible sur : https://www.vetpharm.uzh.ch/Scouts/va/02000_0024_fr.htm
Tests
– Alexia JONGH-ARAGON, Luc CHABANNE, « Conduite à tenir face à un chat FeLV positif », Le Point Vétérinaire n° 239.
Disponible sur : https://www.lepointveterinaire.fr/publications/le-point-veterinaire/article/n-239/conduite-a-tenir-face-a-un-chat-felv-positif.html
– R. HOFMANN-LEHMANN & K. HARTMANN, « Feline leukaemia virus infection : A practical approach to diagnosis », Journal of Feline Medicine and Surgery, vol. 22, no 9, septembre 2020
Disponible sur : https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1098612X20941785
Thérapies, traitements
– Vetcompendium.be, « Médicaments antiviraux contre les infections à FIV et Felv du chat »
Disponible sur : https://www.vetcompendium.be/fr/node/5217
– K. Hartmann « Efficacy of antiviral chemotherapy for retrovirus-infected cats. What does the current literature tell us ? », Journal of Feline Medicine and Surgery, 2015
Disponible sur : https://journals.sagepub.com/doi/pdf/10.1177/1098612X15610676
– A. KLEIN (2013), Approches thérapeutiques des principales viroses félines, Thèse de doctorat, Université de Créteil.
Disponible sur : https://theses.vet-alfort.fr/telecharger.php?id=1592
– T. BASSIERE (2017), Les antiviraux en médecine vétérinaire, Thèse de doctorat, Université de Toulouse
Disponible sur : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-04541762/document
Vaccination
– Fanny ESPINASSE (2016), Détermination des critères d’efficacité des vaccins contre la leucose féline, Thèse de doctorat, Université Paul-Sabatier de Toulouse
Disponible sur : https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-04546315/file/Espinasse_16209.pdf